Route de Chêne 41 : Différence entre versions

Version du 29 mars 2020 à 16:31

C'est une opération immobilière que les frères Olivet réalisent aux Allières en 1877: Alexis et J.-Etienne Olivet se font construire en 1877 deux maisons similaires sans être totalement identiques, à laquelle s'ajoute une troisième maison pour Pierre Pittard5, soit les nos 41 A (actuel Sarcar), route de Chêne, et le n° 41 B (actuelle Ecole Girsa) et le 41 C6. Les deux premières maisons de type villa familiale présentent des beaucoup de similitudes; la troisième de type maison d'appartements diffère sensiblement. Toutes trois reflètent le style éclectique en vigueur à Genève à ce moment qui dérive des traités d'architecture français.

Une quatrième maison (n° 37, route de Chêne) un peu plus tardive forme ensemble avec les trois précédentes. De ce noyau de villas, seul le n° 37, route de Chêne, subsiste en excellent état de conservation. Les nos 41 A et 41 B ont subi de sérieuses transformations imputables à leur changement d'affection en fabrique d'horlogerie pour l'une et en clinique, puis école pour l'autre.

Route de Chêne 41A

Chaînée de pierres de taille, sise sur un socle de roche du Jura, percée de fenêtres à arc surbaissé et encadrement comprenant tablette sur console à triglyphes, couverte d'un toit en pavillon formant belvédère, la maison d'origine du n° 41 A (actuel Sarcar) était augmentée d'une légère véranda au sud. L'atelier d'horlogerie aménagé en 1962 et 1975 par J.-J. Mégevand et Bernard Plojoux a bouleversé une partie de la typologie intérieure, durci et surélevé le dispositif de la vérandah transformée en bureau de la direction au rez et secrétariat comptabilité à l'étage. Des grands velux sont venus perforer la toiture d'ardoises pour éclairer les ateliers installés dans les combles. Toutefois deux pièces de représentation ont été conservées intactes au rez- de-chaussée avec leur décor de moulures raffinées, boiseries, cheminées, parquets, qui font regretter les atteintes portées par ailleurs au bâtiment.

Route de Chêne 41B

L'actuelle école Girsa, ex clinique Caillet (ou des Tulipiers), a subi plusieurs agrandissements successifs qui brouillent la lecture du volume architectural initial; en 1962 Jean-Jacques Schurch ajoutait notamment l'extension orientale. D'autre part des démolitions intérieures en vue de créer des locaux scolaires selon le projet de Samuel Bendahan (1992) ont détruit la typologie ancienne. Un pavillon comprenant quelques classes a été installé dans l'ancien jardin, largement bitumé aujourd'hui. L'état de conservation de la maison est mauvais; il ne demeure que très peu de substance ancienne. Toute réversibilité semble impossible.

Route de Chêne 41C

Bien que de toute évidence contemporain des villas Olivet, le n° 41C, route de Chêne, diffère d'elles. Il s'agit en effet d'un petit immeuble d'appartements, conçu en tant que tel dès l'origine. Bâtisse de l'extérieur un peu ingrate, aux proportions peu parfaites, à maçonnerie revêtue d'un enduit, cette maison de type banlieusard est couverte d'une toiture d'ardoises à deux pans dont les avant-toits des pignons s'appuient sur des corbeaux de bois moulurés. Les encadrements des fenêtres rectangulaires sont en roche blanche. Ultérieurement une véranda est venue prendre place devant le rez-de-chaussée et le premier étage du pignon sud; quand bien même elle oblitère partiellement le pignon, elle l'agrémente bien plus qu'elle ne le dépare pas sa légère structure verre et métal. Les architectes Bommer et Waltenspühl7 effectuèrent une rénovation de l'immeuble en 1946. Ils installèrent notamment les salles de bains, ainsi que la citerne à mazout. A chaque étage se trouve aujourd'hui un appartement résidentiel comportant trois chambres, une salle de bains, une cuisine modernisée, un salon avec cheminée de marbre, une salle à manger avec buffets. De beaux parquets losangés dans les pièces de réception et en lames de navire dans les chambres relèvent la qualité des pièces. Les portes palières, les portes-fenêtres ainsi que les fenêtres des logements en chêne ou en noyer sont conservées avec leurs espagnolettes. Les combles ont été aménagés plus récemment. Même si elle ne possède pas l'intérêt architectural des maisons Olivet précitées, le n° 41 C a l'avantage d'être très bien entretenue et de conserver beaucoup de substance ancienne intacte, ainsi qu'un jardin joliment arborisé avec de très grands conifères et des aménagements de parterres, ce qui plaide en faveur de sa conservation dans ce contexte.

Route de Chêne 37

Le n° 37 route de Chêne (parcelle n° 828, 1678 m2) est situé à front de la route de Chêne, aujourd'hui dans l'alignement des deux grosses villas locatives souvent appelées villas italiennes, ayant valeur de classement et que nous évoquerons plus loin. Ces trois propriétés ont aussi en commun le mur de clôture côté route de Chêne, conçu par Louis Vial comme une sorte de fil conducteur8. Cette propriété appartient à l'heure actuelle à M. René Séchaud. Elle est utilisée comme maison familiale. Elle aurait été construite par l'entrepreneur Marc Foudral en 1895. Louis Vial en aurait refait le portail en 1910, au moment de la construction des deux villas italiennes. Cette maison est extrêmement bien entretenue et dans un excellent état de conservation. Elle s'assied sur une terrasse ménagée au sommet de la parcelle, derrière une balustrade Fin de siècle, portant des urnes ornées de fleurs. De là le terrain de la parcelle descend en pente douce vers Genève et vers la route de Chêne, dissimulée par un rideau d'arbres. La maison tourne vers le Salève et le Mont-Blanc sa belle façade dotée d'une véranda et son toit est de ce côté percé d'une grande lucarne d'où l'on devait jadis avoir une vue imprenable sur le panorama alpestre. Sise sur un socle en roche solidement appareillé, elle présente une volumétrie simple surmontée d'une toiture à quatre pans en ardoise. Les encadrements de fenêtres en molasse à arc très tendu sont soignés avec effets de crossettes et de claveaux. Un escalier avec son délicat barreaudage de fonte est situé à l'arrière de la maison. A l'intérieur la demeure conserve à peu de choses près sa typologie ancienne. L'escalier tournant est en pierre du rez-de-chaussée au 1er étage, en bois dur du 1er au 2e étage. Le rez-de-chaussée se partage entre le salon, partiellement pris sur la véranda, et la salle à manger avec leurs parquets, leurs fenêtres de chêne ou de noyer dotées des espagnolettes et de loquets d'origine. A l'étage et dans les combles se trouvent les chambres avec plancher en lames de navire.

Par sa position dans le contexte des deux villas italiennes, par sa valeur intrinsèque et son bel état de conservation, cette maison mérite absolument d'être préservée.

Sources

1. ↑ Données fournies en opendata par le site SITG
2. ↑ Données fournies en opendata par le site SITG
3. ↑ Données fournies en opendata par le site SITG
4. ↑ Données fournies en opendata par le site SITG